Séminaire mensuel de la Société des Etudes Arméniennes
Jeudi 18 janvier 2024 de 18h à 20h, Inalco, 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris, Salle 5.22
Entrée libre
Hervé Georgelin, Docteur en Histoire et Civilisations, Université d’Athènes
À propos de grecs-orthodoxes arménophones dit «Հայ-Հոռոմ» [Haï-Horoum]
Dans l’Empire ottoman, au moins jusqu’en 1878, les exceptions étaient la règle. La structure de l’Etat en voie de modernisation depuis au moins les Tanzimat (rescrits de 1839 et 1856) était indifférente à de nombreuses pratiques concrètes de ses sujets dont il attendait fidélité à la dynastie régnante, insertion dans la hiérarchie symbolique et concrète prévu par l’Islam sunnite tel qu’il le pratiquait et surtout contribution fiscale. Dans ce cadre général, les populations les plus inattendues, pour un œil socialisé dans un cadre national, pouvaient exister. Ainsi, il se trouvait des arménophones qui étaient fidèles à l’orthodoxie, vivant non loin d’Arméniens affiliés eux à l’église apostolique arménienne ou s’en éloignant au contraire.
Lors de cet exposé, nous nous concentrons sur deux localités : des villages proches d’Ակն [Agn]/Egin [aujourd’hui Kemaliye] sur l’Euphrate et le petit centre urbain de Ortaköy-Geyve, bien plus à l’ouest puisqu’à 180 km. de Constantinople à peu près. L’exposé sera centré sur les conditions de vie ou de survie de ces populations ainsi que sur leur disparition. La comparaison entre les deux cas permettra de mettre en lumière la diversité des dynamiques culturelles et économiques dans l’Empire. Le sort – faste – des intéressés en 1915 permettra aussi d’affiner la perception du plan génocidaire à l’encontre de la population arménienne ottomane. Un épilogue sur les descendants en Grèce de ces populations mettra en lumière la distance qui les séparait, malgré leur orthodoxie, de l’État hellénique, dans lequel ils se retrouvèrent en 1924. D’un point de vue méthodologique, on s’intéressera à la pluralité des sources à employer dans l’étude de tels groupes afin d’approcher leur singularité irréductible au fait national.